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L'Orphelinat

31 Janvier 2015 Publié dans #Epouvante

L'Orphelinat

        Et on continue avec un autre film d’horreur, encore une fois avec des enfants et encore une fois c’est une très bonne surprise.

 

        « L’Orphelinat » premier long métrage de l’espagnol Juan Antonio Bayona est sorti en 2008, et se présente comme un concurrent aux films américains du même genre, produit entre autre par Guillermo del Toro dont j’avais beaucoup apprécié le travail dans le Labyrinthe de Pan.

        L’histoire est celle de Laura qui a vécu dans un orphelinat étant enfant et décide une fois mariée et maman d’un petit garçon de restaurer la vieille maison et de l’ouvrir à nouveau. Cette demeure va réveiller l’imagination de son garçon, Simon, qui se met alors à jouer avec « ses amis », que ses parents ne voient pas. Laura comprend alors que quelque chose s’est déroulé dans cette bâtisse à l’époque et décide d’en savoir plus.

 

        La réalisation de ce long métrage peut clairement rivaliser avec ces homologues américains, par l’intelligence de la photographie. Dès le début, la demeure aspire à un lieu étrange par sa couleur sombre, qui contraste avec le temps ensoleillé qui l’entoure. L’esthétique est soignée et la mise en scène à l’intérieur de la demeure est sobre, ce qui laisse l’atmosphère pesante et angoissante se déployer. J’ai eu un énorme coup de cœur pour les deux chasses aux trésors présents dans le film, qui sont filmés avec une grande intelligence et agrémenter d’une musique qui colle parfaitement avec les deux ambiances différentes.

        La musique, d’une intelligence rare, est orchestrée par un compositeur jeune dans son métier, Fernando Velasquez. Celle-ci se mélange avec une grande maitrise dans l’histoire, alternant les musiques enfantines pour sublimer les scènes de jeux et sachant disparaitre pour laisser le suspens et l’angoisse envahir le spectateur.

        Encore une fois le film joue avec l’imagination des enfants et le manque de compréhension de celle-ci de la part des parents. Cela rend l’ambiance encore plus dérangeante lorsque la mère se met à entrer dans l’univers de son fils, qui, il faut le remarquer, n’est pas une tête à claque pour une fois. Voilà se produit au même moment où celui-ci apprend quelque chose d’important qui lui a été caché, ce qui met ainsi Laura en plein doute.

        Au bout de trente minutes de film, celui-ci semble nous présenter son premier problème, un retournement de situation qui était à prévoir et qui fait sortir pendant un instant le spectateur de l’histoire. Celui-ci se rattrape par la suite par une très bonne scène de médium à l’intérieur de la demeure. Certes les clichés et codes habituels sont présents, mais ils fonctionnent très bien sans forcer. A partir de là, on entre dans un huit clos beaucoup plus sombre et plus sérieux, qui laisse le personnage de la mère « couillue » se développer et nous fais apprécier d’autant plus le travail de Belén Rueda.

 

        Mais un film sans défauts n’existe pas et en toute sincérité, serait ennuyeux. Pour commencer léger, je dirais simplement que j’ai eu énormément de mal avec le jeu d’acteur du père, qui, je pense, se demande encore pourquoi il est là.

        Une énorme faute de gout m’a plus sérieusement dérangé durant le visionnage et plus particulièrement la scène de la fête en l’honneur de l’ouverture de l’orphelinat, où les enfants portent tous des masques d’animaux. Alors oui, effectivement cela apporte du suspens et la logique à la suite de l’histoire et ne semble pas être fait exprès, mais mettre des masques à des enfants atteins de handicaps me laisse un gout amer. Je suis persuadée que cela n’a pas été fait exprès ou que je suis partie trop loin, mais voilà, ça m’a dérangé, vraiment…

        Malgré de nombreuses scènes qui font mouche, il faut tout de même noter que ce film déroule son histoire par de nombreux clichés qui sont heureusement pas ratés donc ne fais pas loupé les scènes, mais qu’on aurait tellement aimé voir autrement. Tout y passe, le cliché de la femme qui se retrouve avec une mobilité réduite dès que les signes paranormaux commencent à apparaitre, la maison isolée avec au fond du jardin la cabane qui sert de débarras et dont tout le monde se doute qu’il va se passer quelque chose dès le moment où on l’aperçoit, ou encore le père qui ne voit rien et ne croit à rien (et ne sert à rien…).

        Malgré les quelques longueurs qui apparaissent au bout d’une heure de film, on excuse volontiers cela au film car, celui fait quelque chose de très intelligent. Lorsqu’on arrive à la première péripétie, je me suis étonnée à trouver un final et une explication logique à tout cela. Mais là où le film frappe fort, c’est qu’il nous fait passer à autre chose, propose de nouveaux problèmes, et on oublie totalement la solution à laquelle on pensait. Et comble du bonheur, à la fin du film, on se rend compte qu’on avait tout de suite trouvé la bonne conclusion, mais ce n’est pas grave car on est passé à autre chose grâce au scénario et le film n’a donc pas été gâché. Trouvant donc par la même occasion une manière de récupérer les spectateurs qui auraient pu décrocher lors de cette première péripétie.

 

        Grace à ce film d’une grande finesse, avec une réflexion plus que recherché sur les différentes facettes de la maternité et du personnage de la mère, nous sommes en présence d’un film dit d’épouvante, qui réussit presque à nous tirer une larme lors du final. Le réalisme et le fantastique qui se croisent laissent place à une poésie presque troublante qui présente une fois de plus les relations compliquées entre le monde des enfants et celui des adultes, pratiquement sans aucun effets spéciaux, ni même jump scare, ce qui est un gage de qualité.

 

ODLM

 

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