Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

American Sniper

23 Mars 2015 , Rédigé par Lilith Publié dans #drame

American Sniper

Près de huit mois après son dernier film et non moins controversé Jersey Boy, Clint Eastwood revient avec un biopic sur la vie de Chris Kyle. Cet homme, ancien champion de rodéo vivant au Texas décide de s’engager dans les Forces armées des États-Unis et de devenir un tireur d’élite des Navy SEAL. Lorsqu’il sera envoyé en Irak, il n’aura qu’un seul but, protéger ces camarades grâce à sa précision chirurgicale qui sauvera de nombreuses vies et lui donnera le surnom de « La Légende ». Cette popularité mettra sa tête à prix, ce qui rendra compliqué son retour à la vie normal.

Ce film a, dès la première projection, dès même sa production ou son tournage, eu droit à une polémique qui n’a fait qu’enfler au fur et à mesure que le film se développait. La raison ?! Ce film est à propos de la guerre et par définition, depuis la nuit des temps, ce sujet fait débat. Alors, oui ce film décrit la guerre, mais s‘il faut s’arrêter à ça, la critique ne serait que très peu professionnelle.

Alors, parlons dans un premier temps de ce qui en fait un bon film, car c’est un bon film, avant de s’emporter dans la polémique quasi inutile.

Du point de vue technique, la réalisation est très bien faite, ne tombons pas dans la facilité de dire parfaite, mais quand même. Fidèle à lui-même, Clint Eastwood continue à allier les découpages simples à l’ancienne et les nouvelles technologies du cinéma qui lui permettent d’ancrer le spectateur en plein cœur de son sujet (comme lors de la scène où l’on suit la balle). Cela permet un rendu réaliste, qui nous envoie sur le champ de bataille au côté de Bradley Cooper. Durant les deux heures de film, il y a très peu de musique, surtout pas lors des scènes de combat, ce qui permet d’être ancré dans la réalité, avec l’ambiance et le réalisme, appuyer par les bruits de tirs, mais aussi le contraste dû au calme de l’environnement.

Contrairement à beaucoup de films, l’introduction est de la longueur qu’il faut pour comprendre, avant la plongée dans l’histoire même. La rencontre entre Chris Kyle et Taya se déroule lors des premiers entrainements, et toute la construction de ce couple se fera en parallèle avec la formation de sniper de Chris, jusqu’à mélanger leur mariage avec l’annonce de leur départ sur le front. Le parallèle est intéressant car, l’action sera mise durant tout le film sur son changement d’attitude en fonction de ses différents déplacements et retour sur le sol américain et ainsi donc, montrer la difficulté du retour à la vie normale et de son incapacité à laisser ces réflexes de soldats sur le terrain.

Un critère très appréciable dans ce genre de films et le respect de la langue dans les conversations en dialectes des quartiers où ils ont leur base, au même titre que la performance des deux acteurs, Bradley Cooper et Sienna Miller qui sont toujours justes, sans tomber dans les stéréotypes pourtant présents dans l’écriture.

La scène de l’enterrement est, je trouve, une des plus intelligentes au niveau psychologique et concernant la vision du post traumatique. Lors de celui-ci, comme le veut la tradition, tous les militaires présents se mettent en ligne pour tirer un coup de feu. Toutes les personnes présents sursautent (normal !) sauf Chris, qui est « habitué » à ce genre de bruit et qui, d’une certaine façon a toujours la tête et l’esprit sur le terrain de la guerre.

La fin (et non le générique) me semble bien fait. Il aurait été pour moi du choc en plus et du tirage de larmes de voir ce qu’il s’est passé, contrairement à la simple phrase de fin qui semble conclure sans en rajouter. Il manque néanmoins le détail concernant l’autre personne qui a connu le même destin de Chris ce jour-là. Durant tout le film, le scénario a parfaitement collé à la vie réelle de cet homme, allant même jusqu’à montrer en première scène son premier tir sur le terrain et lorsqu’il s’agit de la fin, pourquoi ne rien dire, alors qu’il était accompagné. Serais-ce encore là, un moyen d’appuyer sur une sorte de super soldat solitaire.

Le générique par contre est à la limite de la propagande militaire par ces images d’hommages. Je doute que tous les soldats aient le droit à la même célébration, ce qui montre joue une fois de plus avec le super soldat héros d’une nation. C’est dommage de se concentrer durant tout le film pour ne pas tomber dans de la propagande pure et dure, déjà si présente par certaines personnes, alors pourquoi tout gâché par un générique. Le contraste entre les deux soldats morts est assez saisissant. D’un côté un soldat a le droit à un enterrement intimiste réglé par la convention, mais de l’autre, des milliers de personnes se regroupent pour célébrer au bord des routes la mort d’un soldat. Décidément on n’est vraiment pas égaux dans la mort.

Un gros problème dans ce film est le manque d’intérêt dans l’écriture des autres personnages. Excepté le couple Kyle/Taya, on ne s’attache à aucun autre soldat, d’un camp ou de l’autre, ce qui est dommage car, la motivation première de Kyle était de protéger ses partenaires et comment comprendre le besoin de les protéger si on ne peut même pas ressentir quelque chose en commun avec eux.

Je trouve dommage que le sniper irakien ne soit pas plus développé, il semblait pourtant correspondre au miroir de Kyle mais, dans l’autre camp, ce qui aurait pu apporter un regard nouveau et intéressant sur ce duel traversant le film, qui est d’ailleurs très vite conclu. De plus, la présence dans le camp ou même une phrase expliquant qu’il y a d’autres nationalités de soldats auraient donné un aspect moins personnel et moins exclusif des soldats en guerre. Durant celle-ci il n’y avait pas que des combattants américains mais de plusieurs autres pays et ne pas le montrer ou le préciser, laisse une impression d’un bon gentil soldat américain seul dans sa guerre contre le méchant irakien.

J’ai ensuite un souci avec la vision de la femme de Chris. La bonne gentille femme qui reste à la maison avec les enfants pendant que son gros dur de mari va défendre la nation. Il était si compliqué que ça de laisser passer une phrase dans la conversation comme quoi elle a un travail ?! Juste une phrase ou une réplique et ce côté machiste tant critiqué aurait pu n’être qu’une excuse en plus pour taper sur ce film.

Le syndrome post traumatique est trop vite survolé, juste assez pour permettre de créer un connecteur logique pour la fin, ce qui est dommage car, c’est en partie ce syndrome qui lui a permis d’aider de nombreux soldats revenant sur le sol américain.

Et puis juste comme ça, histoire de bien finir, un bébé en plastique ?! Pourquoi le premier est un vrai et le deuxième une poupée. Les réglementations sont si dures que ça qu’en tout un tournage il a été impossible pour eux de tourner deux scènes avec un enfant en bas âge ?!

Ce film nous plonge tout droit dans le réel et héroïsme perçu par les soldats américains sur le front. Malgré une ambiguïté très faible, ce film ne semble montrer les mauvais côté de la guerre que d’un côté et ne s’arrête pas sur les morts des soldats américains, alors que cela aurait pu trancher avec le nombre de morts irakiennes vu à l’écran. Les stéréotypes pas fins et élégants font malheureusement baisser le niveau du film : le grand gaillard qui part à la guerre, la belle femme qui reste à la maison avec les enfants, l’humour misogyne histoire de rappeler délicatement qu’il vient du Texas où il faisait du rodéo et qu’il s’agit d’un gros dur, un mec, un vrai.

Malgré cela, ce film pratiquement sans aucun temps morts, possède quelques touches d’humour bien placé qui permettent de détendre certaines des scènes les plus lourdes.

 

ODLM

Lien Allociné

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article